The current of the river is a slight one, the drop being not greater than
eight inches in a mile. No stream could be more convenient for navigation,
since the prevailing wind is south-east, and sailing boats may make a
continuous progress to the Peruvian frontier, dropping down again with the
current. In our own case the excellent engines of the
Esmeralda
could
disregard the sluggish flow of the stream, and we made as rapid progress as if
we were navigating a stagnant lake. For three days we steamed north-westwards
up a stream which even here, a thousand miles from its mouth, was still so
enormous that from its centre the two banks were mere shadows upon the distant
skyline. On the fourth day after leaving Manaos we turned into a tributary
which at its mouth was little smaller than the main stream. It narrowed
rapidly, however, and after two more days' steaming we reached an Indian
village, where the Professor insisted that we should land, and that the
Esmeralda
should be sent back to Manaos. We should soon come upon
rapids, he explained, which would make its further use impossible. He added
privately that we were now approaching the door of the unknown country, and
that the fewer whom we took into our confidence the better it would be. To this
end also he made each of us give our word of honour that we would publish or
say nothing which would give any exact clue as to the whereabouts of our
travels, while the servants were all solemnly sworn to the same effect. It is
for this reason that I am compelled to be vague in my narrative, and I would
warn my readers that in any map or diagram which I may give the relation of
places to each other may be correct, but the points of the compass are
carefully confused, so that in no way can it be taken as an actual guide to the
country. Professor Challenger's reasons for secrecy may be valid or not, but we
had no choice but to adopt them, for he was prepared to abandon the whole
expedition rather than modify the conditions upon which he would guide us.
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L’Amazone n’a qu’un faible courant, sa pente ne dépassant pas huit
pouces par mille. Nul cours d’eau ne se prête mieux à la navigation, car
c’est généralement le vent du sud-est qui règne, en sorte que les bateaux
à voiles n’ont guère qu’à se laisser porter jusqu’à la frontière
péruvienne. Dans notre cas, les excellentes machines de l’
Esméralda
pouvaient dédaigner la résistance paresseuse du courant, et nous avancions
comme sur un lac immobile. Pendant trois jours, nous remontâmes vers le
nord-ouest. Telle était encore la largeur du fleuve, à plus de neuf cents
milles de son embouchure, que les deux berges, vues du milieu, se réduisaient
à deux lignes sombres sur l’horizon lointain. Le quatrième jour après
notre départ de Manaos, nous nous engageâmes sur un cours d’eau secondaire,
à peine moins large au confluent que le fleuve lui-même, mais qui,
d’ailleurs, se rétrécissait très vite. Enfin, après deux autres jours de
navigation, nous atteignîmes un village indien, où le professeur insista pour
nous faire descendre et pour renvoyer l’
Esméralda
car, expliqua-t-il,
nous approchions des rapides, et notre petit vapeur devenait inutilisable. Il
ajouta, confidentiellement, que nous touchions presque au seuil du pays
inconnu, et que moins nous mettrions de gens dans notre secret, mieux cela
vaudrait. Nous dûmes tous lui donner notre parole de ne commettre aucune
indiscrétion sur notre voyage. Il exigea de notre personnel, et sous la foi du
serment, un engagement analogue. Qu’on ne s’étonne donc pas si je garde
parfois dans ces lettres un certain vague. Quelques cartes ou diagrammes dont
je les accompagne, je tiens à prévenir que le rapport des lieux entre eux
peut être exact, mais non leur position, que j’ai soigneusement brouillée
afin de décourager les recherches. J’ignore les raisons de Challenger pour
s’envelopper ainsi de mystère ; justifiées ou non, il ne nous laissa
pas le loisir de les discuter ; il nous eût abandonnés séance tenante
plutôt que de modifier les conditions auxquelles il subordonnait son
assistance.
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