Translations for our in French
Here are paragraphs from public domain books translated:
It is to my own generation that I speak, to those for whom the theories of M. de Voltaire happily exist no longer, to those who, like myself, realize that humanity, for these last fifteen years, has been in one of its most audacious moments of expansion. The science of good and evil is acquired forever; faith is refashioned, respect for sacred things has returned to us, and if the world has not all at once become good, it has at least become better. The efforts of every intelligent man tend in the same direction, and every strong will is harnessed to the same principle: Be good, be young, be true! Evil is nothing but vanity, let us have the pride of good, and above all let us never despair. Do not let us despise the woman who is neither mother, sister, maid, nor wife. Do not let us limit esteem to the family nor indulgence to egoism. Since “there is more joy in heaven over one sinner that repenteth than over ninety and nine just persons that need no repentance,” let us give joy to heaven. Heaven will render it back to us with usury. Let us leave on our way the alms of pardon for those whom earthly desires have driven astray, whom a divine hope shall perhaps save, and, as old women say when they offer you some homely remedy of their own, if it does no good it will do no harm. | C'est à ma génération que je m'adresse, à ceux pour qui les théories de M. de Voltaire n'existent heureusement plus, à ceux qui, comme moi, comprennent que l'humanité est depuis quinze ans dans un de ses plus audacieux élans. La science du bien et du mal est à jamais acquise; la foi se reconstruit, le respect des choses saintes nous est rendu, et si le monde ne se fait pas tout à fait bon, il se fait du moins meilleur. Les efforts de tous les hommes intelligents tendent au même but, et toutes les grandes volontés s'attellent au même principe: soyons bons, soyons jeunes, soyons vrais! Le mal n'est qu'une vanité, ayons l'orgueil du bien, et surtout ne désespérons pas. Ne méprisons pas la femme qui n'est ni mère, ni sœur, ni fille, ni épouse. Ne réduisons pas l'estime à la famille, l'indulgence à l'égoïsme. Puisque le ciel est plus en joie pour le repentir d'un pécheur que pour cent justes qui n'ont jamais péché, essayons de réjouir le ciel. Il peut nous le rendre avec usure. Laissons sur notre chemin l'aumône de notre pardon à ceux que les désirs terrestres ont perdus, que sauvera peut-être une espérance divine, et, comme disent les bonnes vieilles femmes quand elles conseillent un remède de leur façon, si cela ne fait pas de bien, cela ne peut pas faire de mal. |
The Lady with the Camellias, by Alexandre Dumas son | La Dame aux Camélias, de Alexandre Dumas fils |
Let our readers reassure themselves. IF d'Artagnan forgets his host, or appears to forget him, under the pretense of not knowing where he has been carried, we will not forget him, and we know where he is. But for the moment, let us do as did the amorous Gascon; we will see after the worthy mercer later. | Cependant que nos lecteurs se rassurent : si d’Artagnan oublie son hôte ou fait semblant de l’oublier, sous prétexte qu’il ne sait pas où on l’a conduit, nous ne l’oublions pas, nous, et nous savons où il est. Mais pour le moment faisons comme le Gascon amoureux. Quant au digne mercier, nous reviendrons à lui plus tard. |
The Three Musketeers, by Alexandre Dumas | Les Trois Mousquetaires, de Alexandre Dumas |
"From Monsieur Laporte. Did I not tell you that she was the goddaughter of Monsieur Laporte, the confidential man of the queen? Well, Monsieur Laporte placed her near her Majesty in order that our poor queen might at least have someone in whom she could place confidence, abandoned as she is by the king, watched as she is by the cardinal, betrayed as she is by everybody." | — Par M. de Laporte. Ne vous ai-je pas dit qu’elle était la filleule de M. de Laporte, l’homme de confiance de la reine ? Eh bien, M. de Laporte l’avait mise près de Sa Majesté pour que notre pauvre reine au moins eût quelqu’un à qui se fier, abandonnée comme elle l’est par le roi, espionnée comme elle l’est par le cardinal, trahie comme elle l’est par tous. |
The Three Musketeers, by Alexandre Dumas | Les Trois Mousquetaires, de Alexandre Dumas |
Far be it from me to make out our heroine to be anything but what she was. As long as she remained at Bagneres, the promise she had made to the duke had not been hard to keep, and she had kept it; but, once back in Paris, it seemed to her, accustomed to a life of dissipation, of balls, of orgies, as if the solitude, only interrupted by the duke’s stated visits, would kill her with boredom, and the hot breath of her old life came back across her head and heart. | Loin de nous la pensée de faire de notre héroïne autre chose que ce qu'elle était. Nous dirons donc que tant qu'elle était restée à Bagnères, la promesse faite au duc n'avait pas été difficile à tenir, et qu'elle avait été tenue; mais une fois de retour à Paris, il avait semblé à cette fille habituée à la vie dissipée, aux bals, aux orgies même, que sa solitude, troublée seulement par les visites périodiques du duc, la ferait mourir d'ennui, et les souffles brûlants de sa vie d'autrefois passaient à la fois sur sa tête et sur son cœur. |
The Lady with the Camellias, by Alexandre Dumas son | La Dame aux Camélias, de Alexandre Dumas fils |
"PARIDIEU!" said d'Artagnan to himself, to whose mind the niece of the theologian reverted, "PARDIEU, it would be droll if this belated dove should be in search of our friend's house. But on my soul, it looks so. Ah, my dear Aramis, this time I shall find you out." And d'Artagnan, making himself as small as he could, concealed himself in the darkest side of the street near a stone bench placed at the back of a niche. | — Pardieu, se dit d’Artagnan, auquel la nièce du théologien revenait à l’esprit ; pardieu, il serait drôle que cette colombe attardée cherchât la maison de notre ami. Mais, sur mon âme, cela y ressemble fort. Ah ! mon cher Aramis, pour cette fois, j’en veux avoir le cœur net. Et d’Artagnan, se faisant le plus mince qu’il put, s’abrita dans le côté le plus obscur de la rue, près d’un banc de pierre situé au fond d’une niche. |
The Three Musketeers, by Alexandre Dumas | Les Trois Mousquetaires, de Alexandre Dumas |
At one o’clock on the 16th I went to the Rue d’Antin. The voice of the auctioneer could be heard from the outer door. The rooms were crowded with people. There were all the celebrities of the most elegant impropriety, furtively examined by certain great ladies who had again seized the opportunity of the sale in order to be able to see, close at hand, women whom they might never have another occasion of meeting, and whom they envied perhaps in secret for their easy pleasures. The Duchess of F. elbowed Mlle. A., one of the most melancholy examples of our modern courtesan; the Marquis de T. hesitated over a piece of furniture the price of which was being run high by Mme. D., the most elegant and famous adulteress of our time; the Duke of Y., who in Madrid is supposed to be ruining himself in Paris, and in Paris to be ruining himself in Madrid, and who, as a matter of fact, never even reaches the limit of his income, talked with Mme. M., one of our wittiest story-tellers, who from time to time writes what she says and signs what she writes, while at the same time he exchanged confidential glances with Mme. de N., a fair ornament of the Champs-Elysees, almost always dressed in pink or blue, and driving two big black horses which Tony had sold her for 10,000 francs, and for which she had paid, after her fashion; finally, Mlle. R., who makes by her mere talent twice what the women of the world make by their dot and three times as much as the others make by their amours, had come, in spite of the cold, to make some purchases, and was not the least looked at among the crowd. | Le 16, à une heure, je me rendis rue d'Antin. De la porte cochère on entendait crier les commissaires-priseurs. L'appartement était plein de curieux. Il y avait là toutes les célébrités du vice élégant, sournoisement examinées par quelques grandes dames qui avaient pris encore une fois le prétexte de la vente, pour avoir le droit de voir de près des femmes avec qui elles n'auraient jamais eu occasion de se retrouver, et dont elles enviaient peut-être en secret les faciles plaisirs. Madame la duchesse de F... coudoyait Mademoiselle A..., une des plus tristes épreuves de nos courtisanes modernes; madame la marquise de T... hésitait pour acheter un meuble sur lequel enchérissait madame D..., la femme adultère la plus élégante et la plus connue de notre époque; le duc d'Y... qui passe à Madrid pour se ruiner à Paris, à Paris pour se ruiner à Madrid, et qui, somme toute, ne dépense même pas son revenu, tout en causant avec madame M..., une de nos plus spirituelles conteuses qui veut bien de temps en temps écrire ce qu'elle dit et signer ce qu'elle écrit, échangeait des regards confidentiels avec madame de N..., cette belle promeneuse des Champs-Elysées, presque toujours vêtue de rose ou de bleu et qui fait traîner sa voiture par deux grands chevaux noirs, que Tony lui a vendus dix mille francs et... qu'elle lui a payés; enfin mademoiselle R... qui se fait avec son seul talent le double de ce que les femmes du monde se font avec leur dot, et le triple de ce que les autres se font avec leurs amours, était, malgré le froid, venue faire quelques emplettes, et ce n'était pas elle qu'on regardait le moins. |
The Lady with the Camellias, by Alexandre Dumas son | La Dame aux Camélias, de Alexandre Dumas fils |
At one o’clock on the 16th I went to the Rue d’Antin. The voice of the auctioneer could be heard from the outer door. The rooms were crowded with people. There were all the celebrities of the most elegant impropriety, furtively examined by certain great ladies who had again seized the opportunity of the sale in order to be able to see, close at hand, women whom they might never have another occasion of meeting, and whom they envied perhaps in secret for their easy pleasures. The Duchess of F. elbowed Mlle. A., one of the most melancholy examples of our modern courtesan; the Marquis de T. hesitated over a piece of furniture the price of which was being run high by Mme. D., the most elegant and famous adulteress of our time; the Duke of Y., who in Madrid is supposed to be ruining himself in Paris, and in Paris to be ruining himself in Madrid, and who, as a matter of fact, never even reaches the limit of his income, talked with Mme. M., one of our wittiest story-tellers, who from time to time writes what she says and signs what she writes, while at the same time he exchanged confidential glances with Mme. de N., a fair ornament of the Champs-Elysees, almost always dressed in pink or blue, and driving two big black horses which Tony had sold her for 10,000 francs, and for which she had paid, after her fashion; finally, Mlle. R., who makes by her mere talent twice what the women of the world make by their dot and three times as much as the others make by their amours, had come, in spite of the cold, to make some purchases, and was not the least looked at among the crowd. | Le 16, à une heure, je me rendis rue d'Antin. De la porte cochère on entendait crier les commissaires-priseurs. L'appartement était plein de curieux. Il y avait là toutes les célébrités du vice élégant, sournoisement examinées par quelques grandes dames qui avaient pris encore une fois le prétexte de la vente, pour avoir le droit de voir de près des femmes avec qui elles n'auraient jamais eu occasion de se retrouver, et dont elles enviaient peut-être en secret les faciles plaisirs. Madame la duchesse de F... coudoyait Mademoiselle A..., une des plus tristes épreuves de nos courtisanes modernes; madame la marquise de T... hésitait pour acheter un meuble sur lequel enchérissait madame D..., la femme adultère la plus élégante et la plus connue de notre époque; le duc d'Y... qui passe à Madrid pour se ruiner à Paris, à Paris pour se ruiner à Madrid, et qui, somme toute, ne dépense même pas son revenu, tout en causant avec madame M..., une de nos plus spirituelles conteuses qui veut bien de temps en temps écrire ce qu'elle dit et signer ce qu'elle écrit, échangeait des regards confidentiels avec madame de N..., cette belle promeneuse des Champs-Elysées, presque toujours vêtue de rose ou de bleu et qui fait traîner sa voiture par deux grands chevaux noirs, que Tony lui a vendus dix mille francs et... qu'elle lui a payés; enfin mademoiselle R... qui se fait avec son seul talent le double de ce que les femmes du monde se font avec leur dot, et le triple de ce que les autres se font avec leurs amours, était, malgré le froid, venue faire quelques emplettes, et ce n'était pas elle qu'on regardait le moins. |
The Lady with the Camellias, by Alexandre Dumas son | La Dame aux Camélias, de Alexandre Dumas fils |
One evening we had sat at the window later than usual; the weather had been superb, and the sun sank to sleep in a twilight dazzling with gold and azure. Though we were in Paris, the verdure which surrounded us seemed to shut us off from the world, and our conversation was only now and again disturbed by the sound of a passing vehicle. | Un soir, nous étions restés à la fenêtre plus tard que de coutume; le temps avait été magnifique et le soleil s'endormait dans un crépuscule éclatant d'azur et d'or. Quoique nous fussions dans Paris, la verdure qui nous entourait semblait nous isoler du monde, et à peine si, de temps en temps, le bruit d'une voiture troublait notre conversation. |
The Lady with the Camellias, by Alexandre Dumas son | La Dame aux Camélias, de Alexandre Dumas fils |
It would be difficult to give you all the details of our new life. It was made up of a series of little childish events, charming for us but insignificant to anyone else. You know what it is to be in love with a woman, you know how it cuts short the days, and with what loving listlessness one drifts into the morrow. You know that forgetfulness of everything which comes of a violent confident, reciprocated love. Every being who is not the beloved one seems a useless being in creation. One regrets having cast scraps of one’s heart to other women, and one can not believe in the possibility of ever pressing another hand than that which one holds between one’s hands. The mind admits neither work nor remembrance; nothing, in short, which can distract it from the one thought in which it is ceaselessly absorbed. Every day one discovers in one’s mistress a new charm and unknown delights. Existence itself is but the unceasing accomplishment of an unchanging desire; the soul is but the vestal charged to feed the sacred fire of love. | Vous donner des détails sur notre nouvelle vie serait chose difficile. Elle se composait d'une série d'enfantillages charmants pour nous, mais insignifiants pour ceux à qui je les raconterais. Vous savez ce que c'est que d'aimer une femme, vous savez comment s'abrègent les journées, et avec quelle amoureuse paresse on se laisse porter au lendemain. Vous n'ignorez pas cet oubli de toutes choses, qui naît d'un amour violent, confiant et partagé. Tout être qui n'est pas la femme aimée semble un être inutile dans la création. On regrette d'avoir déjà jeté des parcelles de son cœur à d'autres femmes, et l'on n'entrevoit pas la possibilité de presser jamais une autre main que celle que l'on tient dans les siennes. Le cerveau n'admet ni travail ni souvenir, rien enfin de ce qui pourrait le distraire de l'unique pensée qu'on lui offre sans cesse. Chaque jour on découvre dans sa maîtresse un charme nouveau, une volupté inconnue. L'existence n'est plus que l'accomplissement réitéré d'un désir continu, l'âme n'est plus que la vestale chargée d'entretenir le feu sacré de l'amour. |
The Lady with the Camellias, by Alexandre Dumas son | La Dame aux Camélias, de Alexandre Dumas fils |
The invention of the mousetrap does not date from our days; as soon as societies, in forming, had invented any kind of police, that police invented mousetraps. | L’invention de la souricière ne date pas de nos jours ; dès que les sociétés, en se formant, eurent inventé une police quelconque, cette police, à son tour inventa les souricières. |
The Three Musketeers, by Alexandre Dumas | Les Trois Mousquetaires, de Alexandre Dumas |
The courtesan disappeared little by little. I had by me a young and beautiful woman, whom I loved, and who loved me, and who was called Marguerite; the past had no more reality and the future no more clouds. The sun shone upon my mistress as it might have shone upon the purest bride. We walked together in those charming spots which seemed to have been made on purpose to recall the verses of Lamartine or to sing the melodies of Scudo. Marguerite was dressed in white, she leaned on my arm, saying over to me again under the starry sky the words she had said to me the day before, and far off the world went on its way, without darkening with its shadow the radiant picture of our youth and love. | La courtisane y disparaissait peu à peu. J'avais auprès de moi une femme jeune, belle, que j'aimais, dont j'étais aimé et qui s'appelait Marguerite: le passé n'avait plus de formes, l'avenir plus de nuages. Le soleil éclairait ma maîtresse comme il eût éclairé la plus chaste fiancée. Nous nous promenions tous deux dans ces charmants endroits qui semblent faits exprès pour rappeler les vers de Lamartine ou chanter les mélodies de Scudo. Marguerite avait une robe blanche, elle se penchait à mon bras, elle me répétait le soir sous le ciel étoilé les mots qu'elle m'avait dits la veille, et le monde continuait au loin sa vie sans tacher de son ombre le riant tableau de notre jeunesse et de notre amour. |
The Lady with the Camellias, by Alexandre Dumas son | La Dame aux Camélias, de Alexandre Dumas fils |
"Madame," said he, with dignity, "there will shortly be a ball at the Hotel de Ville. I wish, in order to honor our worthy aldermen, you should appear in ceremonial costume, and above all, ornamented with the diamond studs which I gave you on your birthday. That is my answer." | — Madame, dit-il avec majesté, il y aura incessamment bal à l’Hôtel-de-Ville ; j’entends que, pour faire honneur à nos braves échevins, vous y paraissiez en habit de cérémonie, et surtout parée des ferrets de diamants que je vous ai donnés pour votre fête. Voici ma réponse. |
The Three Musketeers, by Alexandre Dumas | Les Trois Mousquetaires, de Alexandre Dumas |
“Well, my friend, you must either love me a little less or understand me a little better. Your letter gave me a great deal of pain. If I had been free, first of all I would not have seen the count the day before yesterday, or, if I had, I should have come and asked your forgiveness as you ask me now, and in future I should have had no other lover but you. I fancied for a moment that I might give myself that happiness for six months; you would not have it; you insisted on knowing the means. Well, good heavens, the means were easy enough to guess! In employing them I was making a greater sacrifice for you than you imagine. I might have said to you, ‘I want twenty thousand francs’; you were in love with me and you would have found them, at the risk of reproaching me for it later on. I preferred to owe you nothing; you did not understand the scruple, for such it was. Those of us who are like me, when we have any heart at all, we give a meaning and a development to words and things unknown to other women; I repeat, then, that on the part of Marguerite Gautier the means which she used to pay her debts without asking you for the money necessary for it, was a scruple by which you ought to profit, without saying anything. If you had only met me to-day, you would be too delighted with what I promised you, and you would not question me as to what I did the day before yesterday. We are sometimes obliged to buy the satisfaction of our souls at the expense of our bodies, and we suffer still more, when, afterward, that satisfaction is denied us.” | —Eh bien, mon ami, il fallait m'aimer un peu moins ou me comprendre un peu mieux. Votre lettre m'a fait beaucoup de peine. Si j'avais été libre, d'abord je n'aurais pas reçu le comte avant-hier, ou, l'ayant reçu, je serais venue vous demander le pardon que vous me demandiez tout à l'heure, et je n'aurais pas à l'avenir d'autre amant que vous. J'ai cru un moment que je pourrais me donner ce bonheur-là pendant six mois; vous ne l'avez pas voulu; vous teniez à connaître les moyens, eh! mon Dieu, les moyens étaient bien faciles à deviner. C'était un sacrifice plus grand que vous ne croyez que je faisais en les employant. J'aurais pu vous dire: j'ai besoin de vingt mille francs; vous étiez amoureux de moi, vous les eussiez trouvés, au risque de me les reprocher plus tard. J'ai mieux aimé ne rien vous devoir; vous n'avez pas compris cette délicatesse, car c'en est une. Nous autres, quand nous avons encore un peu de cœur, nous donnons aux mots et aux choses une extension et un développement inconnus aux autres femmes; je vous répète donc que, de la part de Marguerite Gautier, le moyen qu'elle trouvait de payer ses dettes sans vous demander l'argent nécessaire pour cela était une délicatesse dont vous devriez profiter sans rien dire. Si vous ne m'aviez connue qu'aujourd'hui, vous seriez trop heureux de ce que je vous promettrais, et vous ne me demanderiez pas ce que j'ai fait avant-hier. Nous sommes quelquefois forcées d'acheter une satisfaction pour notre âme aux dépens de notre corps, et nous souffrons bien davantage quand, après, cette satisfaction nous échappe. |
The Lady with the Camellias, by Alexandre Dumas son | La Dame aux Camélias, de Alexandre Dumas fils |
"Gentlemen, gentlemen," said d'Artagnan, "do not let us lose our time in jesting. Let us separate, and let us seek the mercer's wife--that is the key of the intrigue." | — Messieurs, messieurs, dit d’Artagnan, ne perdons pas notre temps à badiner ; éparpillons-nous et cherchons la femme du mercier : c’est la clé de l’intrigue. |
The Three Musketeers, by Alexandre Dumas | Les Trois Mousquetaires, de Alexandre Dumas |
“In a liaison like ours, if the woman has any sense of dignity at all, she ought to make every possible sacrifice rather than ask her lover for money and so give a venal character to her love. You love me, I am sure, but you do not know on how slight a thread depends the love one has for a woman like me. Who knows? Perhaps some day when you were bored or worried you would fancy you saw a carefully concerted plan in our liaison. Prudence is a chatterbox. What need had I of the horses? It was an economy to sell them. I don’t use them and I don’t spend anything on their keep; if you love me, I ask nothing more, and you will love me just as much without horses, or shawls, or diamonds.” | —Dans une liaison comme la nôtre, si la femme a encore un peu de dignité, elle doit s'imposer tous les sacrifices possibles plutôt que de demander de l'argent à son amant et de donner un côté vénal à son amour. Tu m'aimes, j'en suis sûre, mais tu ne sais pas combien est léger le fil qui retient dans le cœur l'amour que l'on a pour des filles comme moi. Qui sait? Peut-être dans un jour de gêne ou d'ennui, te serais-tu figuré voir dans notre liaison un calcul habilement combiné! Prudence est une bavarde. Qu'avais-je besoin de ces chevaux! J'ai fait une économie en les vendant; je puis bien m'en passer, et je ne dépense plus rien pour eux; pourvu que tu m'aimes, c'est tout ce que je demande, et tu m'aimeras autant sans chevaux, sans cachemires et sans diamants. |
The Lady with the Camellias, by Alexandre Dumas son | La Dame aux Camélias, de Alexandre Dumas fils |
“We no longer belong to ourselves. We are no longer beings, but things. We stand first in their self-esteem, last in their esteem. We have women who call themselves our friends, but they are friends like Prudence, women who were once kept and who have still the costly tastes that their age does not allow them to gratify. Then they become our friends, or rather our guests at table. Their friendship is carried to the point of servility, never to that of disinterestedness. Never do they give you advice which is not lucrative. It means little enough to them that we should have ten lovers extra, as long as they get dresses or a bracelet out of them, and that they can drive in our carriage from time to time or come to our box at the theatre. They have our last night’s bouquets, and they borrow our shawls. They never render us a service, however slight, without seeing that they are paid twice its value. You yourself saw when Prudence brought me the six thousand francs that I had asked her to get from the duke, how she borrowed five hundred francs, which she will never pay me back, or which she will pay me in hats, which will never be taken out of their boxes. | «Nous ne nous appartenons plus. Nous ne sommes plus des êtres, mais des choses. Nous sommes les premières dans leur amour-propre, les dernières dans leur estime. Nous avons des amies, mais ce sont des amies comme Prudence, des femmes jadis entretenues qui ont encore des goûts de dépense que leur âge ne leur permet plus. Alors elles deviennent nos amies ou plutôt nos commensales. Leur amitié va jusqu'à la servitude, jamais jusqu'au désintéressement. Jamais elles ne vous donneront qu'un conseil lucratif. Peu leur importe que nous ayons dix amants de plus, pourvu qu'elles y gagnent des robes ou un bracelet, et qu'elles puissent de temps en temps se promener dans notre voiture et venir au spectacle dans notre loge. Elles ont nos bouquets de la veille et nous empruntent nos cachemires. Elles ne nous rendent jamais un service, si petit qu'il soit, sans se le faire payer le double de ce qu'il vaut. Tu l'as vu toi-même le soir où Prudence m'a apporté six mille francs que je l'avais priée d'aller demander pour moi au duc, elle m'a emprunté cinq cents francs qu'elle ne me rendra jamais ou qu'elle me payera en chapeaux qui ne sortiront pas de leurs cartons. |
The Lady with the Camellias, by Alexandre Dumas son | La Dame aux Camélias, de Alexandre Dumas fils |
“We no longer belong to ourselves. We are no longer beings, but things. We stand first in their self-esteem, last in their esteem. We have women who call themselves our friends, but they are friends like Prudence, women who were once kept and who have still the costly tastes that their age does not allow them to gratify. Then they become our friends, or rather our guests at table. Their friendship is carried to the point of servility, never to that of disinterestedness. Never do they give you advice which is not lucrative. It means little enough to them that we should have ten lovers extra, as long as they get dresses or a bracelet out of them, and that they can drive in our carriage from time to time or come to our box at the theatre. They have our last night’s bouquets, and they borrow our shawls. They never render us a service, however slight, without seeing that they are paid twice its value. You yourself saw when Prudence brought me the six thousand francs that I had asked her to get from the duke, how she borrowed five hundred francs, which she will never pay me back, or which she will pay me in hats, which will never be taken out of their boxes. | «Nous ne nous appartenons plus. Nous ne sommes plus des êtres, mais des choses. Nous sommes les premières dans leur amour-propre, les dernières dans leur estime. Nous avons des amies, mais ce sont des amies comme Prudence, des femmes jadis entretenues qui ont encore des goûts de dépense que leur âge ne leur permet plus. Alors elles deviennent nos amies ou plutôt nos commensales. Leur amitié va jusqu'à la servitude, jamais jusqu'au désintéressement. Jamais elles ne vous donneront qu'un conseil lucratif. Peu leur importe que nous ayons dix amants de plus, pourvu qu'elles y gagnent des robes ou un bracelet, et qu'elles puissent de temps en temps se promener dans notre voiture et venir au spectacle dans notre loge. Elles ont nos bouquets de la veille et nous empruntent nos cachemires. Elles ne nous rendent jamais un service, si petit qu'il soit, sans se le faire payer le double de ce qu'il vaut. Tu l'as vu toi-même le soir où Prudence m'a apporté six mille francs que je l'avais priée d'aller demander pour moi au duc, elle m'a emprunté cinq cents francs qu'elle ne me rendra jamais ou qu'elle me payera en chapeaux qui ne sortiront pas de leurs cartons. |
The Lady with the Camellias, by Alexandre Dumas son | La Dame aux Camélias, de Alexandre Dumas fils |
“If I took care of myself I should die. All that supports me is the feverish life I lead. Then, as for taking care of oneself, that is all very well for women with families and friends; as for us, from the moment we can no longer serve the vanity or the pleasure of our lovers, they leave us, and long nights follow long days. I know it. I was in bed for two months, and after three weeks no one came to see me.” | —Si je me soignais, je mourrais. Ce qui me soutient, c'est la vie fiévreuse que je mène. Puis, se soigner, c'est bon pour les femmes du monde qui ont une famille et des amis; mais nous, dès que nous ne pouvons plus servir à la vanité ou au plaisir de nos amants, ils nous abandonnent, et les longues soirées succèdent aux longs jours. Je le sais bien, allez, j'ai été deux mois dans mon lit; au bout de trois semaines, personne ne venait plus me voir. |
The Lady with the Camellias, by Alexandre Dumas son | La Dame aux Camélias, de Alexandre Dumas fils |
Meanwhile, carried away as we are by our narrative, we must leave our three friends to themselves, and follow the Duke of Buckingham and his guide through the labyrinths of the Louvre. | Et maintenant, emportés que nous sommes par notre récit, laissons nos trois amis rentrer chacun chez soi, et suivons, dans les détours du Louvre, le duc de Buckingham et son guide. |
The Three Musketeers, by Alexandre Dumas | Les Trois Mousquetaires, de Alexandre Dumas |
Meanwhile, carried away as we are by our narrative, we must leave our three friends to themselves, and follow the Duke of Buckingham and his guide through the labyrinths of the Louvre. | Et maintenant, emportés que nous sommes par notre récit, laissons nos trois amis rentrer chacun chez soi, et suivons, dans les détours du Louvre, le duc de Buckingham et son guide. |
The Three Musketeers, by Alexandre Dumas | Les Trois Mousquetaires, de Alexandre Dumas |
“Now understand,” said Marguerite, “you are always to say to that idiot that I am not in, or that I will not see him. I am tired out with seeing people who always want the same thing; who pay me for it, and then think they are quit of me. If those who are going to go in for our hateful business only knew what it really was they would sooner be chambermaids. But no, vanity, the desire of having dresses and carriages and diamonds carries us away; one believes what one hears, for here, as elsewhere, there is such a thing as belief, and one uses up one’s heart, one’s body, one’s beauty, little by little; one is feared like a beast of prey, scorned like a pariah, surrounded by people who always take more than they give; and one fine day one dies like a dog in a ditch, after having ruined others and ruined one’s self.” | —Tu m'entends, lui dit Marguerite, tu diras toujours à cet imbécile que je n'y suis pas ou que je ne veux pas le recevoir. Je suis lasse, à la fin, de voir sans cesse des gens qui viennent me demander la même chose, qui me payent et qui se croient quittes avec moi. Si celles qui commencent notre honteux métier savaient ce que c'est, elles se feraient plutôt femmes de chambre. Mais non; la vanité d'avoir des robes, des voitures, des diamants nous entraîne; on croit à ce que l'on entend, car la prostitution a sa foi, et l'on use peu à peu son cœur, son corps, sa beauté; on est redoutée comme une bête fauve, méprisée comme un paria, on n'est entourée que de gens qui vous prennent toujours plus qu'ils ne vous donnent, et on s'en va un beau jour crever comme un chien, après avoir perdu les autres et s'être perdue soi-même. |
The Lady with the Camellias, by Alexandre Dumas son | La Dame aux Camélias, de Alexandre Dumas fils |
“Then,” continued Marguerite, “you were the only person before whom it seemed to me, from the first, that I could think and speak freely. All those who come about women like me have an interest in calculating their slightest words, in thinking of the consequences of their most insignificant actions. Naturally we have no friends. We have selfish lovers who spend their fortunes, riot on us, as they say, but on their own vanity. For these people we have to be merry when they are merry, well when they want to sup, sceptics like themselves. We are not allowed to have hearts, under penalty of being hooted down and of ruining our credit. | «Puis, continua Marguerite, tu étais la seule personne devant laquelle j'avais cru comprendre tout de suite que je pouvais penser et parler librement. Tous ceux qui entourent les filles comme moi ont intérêt à scruter leurs moindres paroles, à tirer une conséquence de leurs plus insignifiantes actions. Nous n'avons naturellement pas d'amis. Nous avons des amants égoïstes qui dépensent leur fortune non pas pour nous, comme ils le disent, mais pour leur vanité. «Pour ces gens-là, il faut que nous soyons gaies quand ils sont joyeux, bien portantes quand ils veulent souper, sceptiques comme ils le sont. Il nous est défendu d'avoir du cœur sous peine d'être huées et de ruiner notre crédit. |
The Lady with the Camellias, by Alexandre Dumas son | La Dame aux Camélias, de Alexandre Dumas fils |
Despite the burning fever which devoured me, I made them dress me and take me to the Vaudeville. Julie put on some rouge for me, without which I should have looked like a corpse. I had the box where I gave you our first rendezvous. All the time I had my eyes fixed on the stall where you sat that day, though a sort of country fellow sat there, laughing loudly at all the foolish things that the actors said. I was half dead when they brought me home. I coughed and spat blood all the night. To-day I can not speak, I can scarcely move my arm. My God! My God! I am going to die! I have been expecting it, but I can not get used to the thought of suffering more than I suffer now, and if— | «Malgré l'ardente fièvre qui me brûlait, je me suis fait habiller et conduire au Vaudeville. Julie m'avait mis du rouge, sans quoi j'aurais eu l'air d'un cadavre. Je suis allée dans cette loge où je vous ai donné notre premier rendez-vous; tout le temps j'ai eu les yeux fixés sur la stalle que vous occupiez ce jour-là, et qu'occupait hier une sorte de rustre, qui riait bruyamment de toutes les sottes choses que débitaient les acteurs. On m'a rapportée à moitié morte chez moi. J'ai toussé et craché le sang toute la nuit. Aujourd'hui je ne peux plus parler, à peine si je peux remuer les bras. Mon Dieu! Mon Dieu! Je vais mourir. Je m'y attendais, mais je ne puis me faire à l'idée de souffrir plus que je ne souffre, et si...» |
The Lady with the Camellias, by Alexandre Dumas son | La Dame aux Camélias, de Alexandre Dumas fils |